L’économie brésilienne devrait connaître une croissance régulière à moyen terme, portée par l’augmentation des dépenses publiques, malgré les difficultés budgétaires, selon un récent sondage Reuters. Quarante-cinq économistes interrogés entre le 8 et le 18 juillet prévoient une croissance du PIB de 2,0 % pour 2024 et 2025, soit une légère hausse par rapport aux 1,8 % prévus en avril.
L’augmentation des dépenses publiques a creusé le déficit budgétaire du Brésil, ce qui a déclenché une crise de confiance et une vente d’actifs le mois dernier. Toutefois, l’engagement du président Luiz Inácio Lula da Silva en faveur de la rigueur budgétaire a apaisé les tensions sur les marchés, même si les analystes restent prudents quant aux perspectives budgétaires.
L’impact de la volatilité des marchés sur l’économie réelle a été contenu, avec une légère hausse des anticipations d’inflation due à une monnaie plus faible. La prévision médiane de l’inflation s’élève désormais à 4,0 % pour 2024, contre 3,9 % en avril. La forte demande des consommateurs et la dépréciation de la monnaie alimentent ces pressions inflationnistes.
Malgré la pause de la banque centrale dans la réduction des taux d’intérêt, un marché du travail solide et des mesures de relance budgétaire devraient soutenir une croissance du PIB proche de 2,0 %, selon Marcela Kawauti, économiste en chef chez Lifetime Investimentos. Toutefois, ces facteurs contribuent également aux pressions inflationnistes, l’inflation annuelle étant susceptible de se maintenir autour de 4,0 %.
L’objectif d’inflation de la banque centrale pour 2024 est de 3,0 % avec une tolérance de +/- 1,5 point de pourcentage, ce qui rend les prévisions actuelles préoccupantes. La décision de suspendre les réductions de taux en juin visait à répondre aux attentes croissantes en matière d’inflation, une décision critiquée par le président Lula et qui a ajouté au malaise des investisseurs.
Les projections de croissance du gouvernement sont plus optimistes, prévoyant une expansion de 2,5 % cette année et de 2,6 % en 2025, tirée par les programmes d’aide. Toutefois, le récent gel budgétaire n’a pas totalement apaisé les inquiétudes des analystes quant à la viabilité budgétaire.
Elijah Oliveros-Rosen, économiste en chef pour les marchés émergents chez S&P Global Ratings, ne s’attend qu’à une correction budgétaire progressive, avec des déficits budgétaires substantiels. Il prévoit un déficit primaire moyen des administrations publiques de -0,7 % du PIB de 2024 à 2027. De même, les analystes de Citi ont noté que malgré le gel budgétaire, la réduction du déficit attendue à -0,5 % en 2024 est toujours insuffisante pour atteindre l’objectif de -0,25. % à 0,25% du PIB.
En résumé, alors que l’économie brésilienne est vouée à une croissance régulière, les défis budgétaires persistants et les pressions inflationnistes menacent la viabilité. Des contrôles budgétaires efficaces sont essentiels au maintien de la confiance des investisseurs et de la stabilité économique à long terme.